La cybercriminalité en France et en Europe en 2024 : une menace en expansion
Lutte contre la cybercriminalité en France et en Europe : chiffres et leviers d’action
La cybercriminalité est devenue l’un des défis majeurs pour les entreprises, les gouvernements et les particuliers en France et en Europe. En 2024, la sophistication croissante des attaques, facilitée par les avancées en intelligence artificielle (IA), exacerbe cette menace.
Qu’est-ce que la Cybercriminalité ?
La cybercriminalité désigne l’ensemble des activités criminelles réalisées via des moyens numériques. Elle englobe une vaste gamme d’infractions, allant du vol d’identité au piratage de données, en passant par les escroqueries en ligne et les attaques par ransomware. Les cybercriminels utilisent Internet et les réseaux informatiques pour mener leurs activités illégales, exploitant les vulnérabilités des systèmes informatiques et des réseaux pour atteindre leurs objectifs.
Types de Cybercriminalité
- Phishing : Technique où les criminels envoient des courriels ou des messages trompeurs pour obtenir des informations sensibles comme des mots de passe ou des coordonnées bancaires.
- Ransomware : Logiciels malveillants qui cryptent les fichiers d’une victime, exigeant une rançon pour restaurer l’accès.
- Malware : Logiciels conçus pour nuire aux systèmes informatiques, voler des données ou espionner les utilisateurs.
- Vol d’Identité : Utilisation frauduleuse des informations personnelles d’un individu pour commettre des fraudes.
- Attaques par Déni de Service (DDoS) : Inondation d’un serveur avec un flot massif de trafic pour le rendre inaccessible.
L’Impact de l’IA sur la Cybercriminalité
L’intelligence artificielle joue un rôle ambivalent dans le paysage de la cybercriminalité. D’une part, elle améliore les capacités des défenseurs en matière de cybersécurité. D’autre part, elle facilite également les attaques pour les cybercriminels, en rendant les méthodes d’attaque plus sophistiquées et accessibles.
IA et Sophistication des Attaques
L’IA permet aux cybercriminels de concevoir des attaques plus sophistiquées et personnalisées :
Automatisation des Attaques : L’IA permet d’automatiser les attaques, augmentant ainsi leur vitesse et leur efficacité. Les bots alimentés par IA peuvent lancer des attaques par brute force ou des campagnes de phishing en masse avec peu d’intervention humaine.
Phishing Personnalisé : Les techniques d’IA peuvent analyser les données disponibles sur les réseaux sociaux et les plateformes en ligne pour créer des courriels de phishing hautement personnalisés qui semblent beaucoup plus crédibles.
Analyse de Vulnérabilités : Les outils d’IA peuvent scanner des réseaux à la recherche de failles de sécurité plus rapidement que les méthodes traditionnelles, permettant aux attaquants de cibler des systèmes avec une précision accrue.
Ransomware Évolutifs : Les ransomwares alimentés par IA peuvent adapter leurs comportements en fonction des défenses des systèmes ciblés, rendant leur détection et leur neutralisation plus difficiles.
Les chiffres de la cybercriminalité en France et dans le monde
Ces dernières années, la cybercriminalité n’a fait que croître en France et dans le monde. Un nombre toujours plus important d’entreprises, d’organisations et de particuliers sont victimes de cyberattaques. Voici une compilation de chiffres et statistiques de la cybercriminalité, afin de mesurer l’importance de la cybersécurité pour les années futures.
Pour mieux comprendre l’ampleur de la cybercriminalité en France et en Europe, examinons quelques exemples récents et chiffres clés.
1. Attaque Ransomware sur le Secteur de la Santé
En 2024, le secteur de la santé a été particulièrement touché par des attaques de ransomware. Selon un rapport de l’Agence Européenne pour la Sécurité des Réseaux et de l’Information (ENISA), environ 25% des établissements de santé en Europe ont subi des attaques de ransomware au cours des 12 derniers mois. Ces attaques ont non seulement causé des perturbations majeures dans les services médicaux, mais ont également entraîné des demandes de rançon atteignant jusqu’à 10 millions d’euros dans certains cas.
2. Phishing et Escroqueries en Ligne
Les attaques par phishing continuent d’être un problème majeur. Un rapport de l’Observatoire National de la Cybercriminalité en France révèle que le nombre de tentatives de phishing a augmenté de 40% en 2024 par rapport à l’année précédente. Environ 35% des utilisateurs d’Internet en France ont été ciblés par des campagnes de phishing, avec des pertes financières cumulées estimées à plus de 50 millions d’euros.
3. Vol d’Identité et Fraude Bancaire
Le vol d’identité est également en hausse. Les données du Bureau Européen de la Sécurité des Informations montrent que les cas de vol d’identité ont augmenté de 30% en 2024. Les escroqueries bancaires associées ont causé des pertes financières de l’ordre de 100 millions d’euros en Europe.
4. Attaques DDoS
Les attaques DDoS sont devenues plus fréquentes et plus destructrices. Selon un rapport de l’Agence de Cybersécurité de l’Union Européenne (EU-Agency for Cybersecurity), environ 20% des entreprises européennes ont été ciblées par des attaques DDoS en 2024. Ces attaques ont conduit à des interruptions de service et des pertes économiques significatives, avec des coûts associés pouvant atteindre jusqu’à 2 millions d’euros par incident.
Coût Global de la Cybercriminalité en 2023
Coût Total de la Cybercriminalité
Selon le rapport Cybersecurity Ventures, le coût global de la cybercriminalité a atteint environ 8,4 trillions de dollars en 2023. Ce chiffre inclut les pertes directes et indirectes causées par les cyberattaques, telles que les frais de réparation, les rançons, les pertes d’affaires, et les dommages à la réputation.
Coût pour les Entreprises
Le Global Cybersecurity Index 2023 a estimé que le coût moyen des violations de données pour une entreprise était de 4,45 millions de dollars par incident. Ce coût comprend les frais de notification, les amendes réglementaires, les dépenses de réparation, et les pertes commerciales.
Coût des Ransomwares
Les attaques par ransomware ont continué d’être une menace majeure en 2023. Le Cybersecurity Ventures a rapporté que les coûts totaux associés aux ransomwares, y compris les paiements de rançon et les coûts de récupération, ont dépassé 20 milliards de dollars.
Coût des Attaques DDoS
Les attaques par déni de service distribué (DDoS) ont entraîné des coûts importants pour les entreprises. Selon Radware, le coût moyen d’une attaque DDoS pour une entreprise était de 2,3 millions de dollars par incident, incluant les interruptions de service, la perte de revenus, et les dépenses de mitigation.
Coût des Fraudes en Ligne
Les fraudes en ligne, y compris les escroqueries par phishing et les fraudes par carte de crédit, ont eu un impact économique significatif. Le rapport Europol a estimé que les pertes mondiales dues à ces types de fraude ont atteint environ 12,5 milliards de dollars en 2023.
Coût des Vols de Données Personnelles
Les vols de données personnelles ont également contribué au coût global de la cybercriminalité. Le Ponemon Institute a estimé que le coût moyen d’un vol de données personnelles par incident était de 3,6 millions de dollars. Ce chiffre inclut les frais de notification, les coûts de mise en conformité, et les impacts sur la réputation.
La lutte contre la cybercriminalité en Europe
La cybersécurité devient un enjeu majeur de la politique européenne, alors que 22,3 milliards d’appareils dans le monde seront connectés à Internet d’ici 2024. En effet, la cybercriminalité cause de nombreux problèmes. D’autant que des secteurs aussi cruciaux que la logistique, la santé ou les services publics deviennent dépendants de l’informatisation des données. L’Union européenne réagit avec fermeté pour lutter contre les cyberattaques.
Une marge de manœuvre renforcée pour l’ENISA
Créée en 2004, l’Agence européenne chargée de la sécurité des réseaux et de l’information (ENISA) a vu ses responsabilités renforcées en 2019. Cette organisation coopère avec les États membres et les organes européens, dans le but d’accroître la sécurité numérique sur le continent. En 2019, de nouvelles exigences techniques, schémas de certifications et normes ont été mis en place.
Création du Centre européen de lutte contre la cybercriminalité
L’Union européenne a ouvert en 2013 une structure spécialisée dans la lutte contre la cybercriminalité en Europe au sein d’Europol, à La Haye (Pays-Bas). Ce centre se concentre sur les crimes en ligne, la pédocriminalité et les fraudes financières.
Mise en place de « NIS 2 » et autres outils de lutte contre la cybercriminalité
Avant la mise en œuvre du règlement de 2019 qui renforçait les pouvoirs de l’ENISA, l’Union européenne avait créé la directive « NIS » (pour « sécurité des réseaux et des systèmes d’information »). Plusieurs dispositifs de sécurité informatique furent établis dans les secteurs stratégiques (transports, énergie, finance, santé).
La Commission européenne a élargi la législation en décembre 2020, avec la directive « NIS 2 ». Celle-ci protège un plus grand nombre de secteurs (administrations publiques, services de gestion des déchets et des eaux usées, etc.).
Par ailleurs, un réseau européen pour la gestion des crises numériques, l’UE-CyCLONe, a été créé pour développer la coordination entre États membres lors de cyberattaques à grande échelle. En parallèle, en mai 2022, le règlement « DORA » (« résilience opérationnelle du numérique ») a vu le jour, pour renforcer la sécurité des systèmes numériques dans le monde de la finance (banques, compagnies d’assurance, producteurs de cryptomonnaie).
Enfin, la Commission européenne souhaite améliorer la connectivité et l’accès à Internet avec la mise en orbite basse d’une constellation de satellites. Le dispositif vise à préserver le service en cas de cyberattaque importante. Des règles communes sur la cybersécurité des produits tout au long de leur vie devraient émerger au cours de l’année 2022.
La lutte contre la cybercriminalité en France
La France dispose d’une « Stratégie nationale pour la sécurité du numérique » depuis 2015. Le dispositif national répond aux enjeux de l’informatique, ainsi que des menaces qui visent le numérique.
Les objectifs de la Stratégie nationale pour la sécurité du numérique
Le plan de cybersécurité national a été développé autour de cinq axes majeurs :
- protection de la souveraineté nationale ;
- renforcement des réponses contre les actes de cybercriminalité ;
- sensibilisation de la population sur la cybersécurité ;
- développement d’un avantage concurrentiel de la sécurité numérique pour les entreprises nationales ;
- progression de la France à l’international en ce qui concerne la lutte contre la cybercriminalité.
Les acteurs de la lutte contre la cybercriminalité en France
Le dispositif français compte plusieurs acteurs opérationnels dans le secteur de la cybersécurité :
- L’ANSSI, ou Agence nationale de sécurité des systèmes d’information. Créée en 2009, l’organisation fait autorité en matière de cybersécurité nationale. Elle gère la prévention et la réaction face aux attaques informatiques envers les institutions.
- Le ministère des Armées. Un commandement de cyberdéfense (COMCYBER) existe depuis 2017, sous l’égide du chef d’État-major des armées.
- Le ministère de l’Intérieur, qui lutte contre la cybercriminalité sous toutes ses formes. Plusieurs services centraux et territoriaux spécialisés de la police nationale, de la gendarmerie nationale et de la sécurité intérieure ont vu le jour. Ils protègent les intérêts nationaux, les acteurs économiques, les collectivités publiques et les particuliers.
La France, un pays influent dans la lutte contre la cybercriminalité
La France agit à l’international pour stabiliser et sécuriser le cyberespace mondial. De nombreux travaux, menés par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, se coordonnent avec les législations européenne et internationale. Plusieurs enjeux motivent cette initiative, tels que l’acquisition d’une autonomie stratégique numérique de l’UE, ou le renforcement de la coopération entre États-membres de l’Union.
La France joue également un rôle crucial dans la promotion d’un cyberespace stable et sécurisé, en étant à l’origine de l’Appel de Paris, prononcé par le chef de l’État en 2018. Cette déclaration rappelle l’application du droit international et des droits de l’Homme dans le cyberespace et en liste les principes fondamentaux.
Engagée dans la lutte contre la cyberguerre et en faveur de la cyberpaix, la CSB.SCHOOL a par ailleurs répondu à cet appel du Président.
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Le seul moyen de gagner la cyberguerre, c’est de l’éviter. Hamadoun Touré, secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (Nations unies).