Interview de notre doyen académique
Parlez-nous de votre parcours académique
J’ai à la fois un parcours académique classique et atypique, surtout à mon époque !..
Après un parcours chaotique dans le secondaire, j’ai trouvé ma voie, l’enseignement. J’ai donc réussi mes études en économie-gestion. Parallèlement, sans être un geek absolu, je programme depuis ma plus tendre enfance ! En effet j’ai demandé comme cadeau, un ordinateur et ma famille s’est cotisée pour un Comodore 128. Plus tard, J’ai acheté mon premier PC (un 386) avec mes stages d’été. C’est donc tout naturellement que mes études se sont tournées vers l’informatique et le système d’information jusqu’à passer une thèse en informatique avec pour sujet le contrôle d’accès. J’étais assez seul ( !) dans les années 90-2000. Les choses ont évolué.
Pouvez-vous nous décrire votre vision de l’enseignement ?
Après 25 ans de pratiques diverses : cours magistraux, travaux dirigés, e-learning (j’ai co-créé deux MOOC), et avoir subi les horribles cours COVID à distance, je peux dire, en fonction du public notamment de la génération actuelle, que ma vision a complètement changé au cours de ces années. Les conférences transmissives sont de moins en moins acceptées. Les apprenants attendent que le cœur des formations soit la pratique et non la connaissance seule. C’est d’autant plus le cas pour les sujets professionnels et techniques comme la cybersécurité. Le débat n’est d’ailleurs plus entre connaissance et pratique mais comment préparer aux savoir-être indispensables pour un métier visé ! Seule l’enseignement par la pratique, par la simulation peut permettre l’acquisition des fameux « softs skills ».
Pour le mode d’enseignement, je pense aujourd’hui, à condition qu’on y mette les moyens, que la formule magique est le mode mixte e-learning / présentiel dit blended. A savoir du e-learning remplaçant les cours magistraux et préparant les séances en présentiel en mode classes inversées, une partie en présence des formateurs centrée sur la mise en pratique, le tout soutenue si besoin par du travail en e-learning d’approfondissement. J’insiste par contre sur l’obligation de moyens notamment pour le e-learning et une scénarisation poussée des formations.
En conclusion je citerai Benjamin Franklin :
« Tu me dis, j’oublie. Tu m’enseignes, je me souviens. Tu m’impliques, j’apprends. »
Pourquoi avoir fait le choix de n’ouvrir qu’une partie des filières pour cette première année ?
Il était très difficile de préparer l’ensemble des 2 cursus, notamment pour que la première année puisse être accessible dans les temps sur PARCOURSUP. Nous avons donc choisi d’ouvrir le Master et le Bachelor 3 pour que des apprenants puissent directement exercer un métier en cybersécurité.
Pouvez-vous nous parler de votre équipe pédagogique ?
Notre équipe pédagogique est très diverse par les profils avec une majorité de professionnels de l’entreprise qui apportent leur expérience et des enseignements pratiques très proches de leur vécu, des enseignants professionnels pour les sujets plus fondamentaux, des chercheurs réputés pour faire le point sur la recherche développement en cyber sécurité, etc.
En quoi le système de BTU est important dans votre approche de l’enseignement ?
Les Blended Training Unit sont au centre de notre système de formation.
Les cours « classiques » sont définis par un nombre d’heures et mode d’enseignement pour une discipline, ex : 20h de méditation en présence avec Mr Spock. La plupart du temps, nous n’appliquons pas le temps de préparation ou de consolidation (les « devoirs » à la maison !). On entend que pour une heure passée avec l’enseignant, on doit consacrer par exemple 2 heures à travailler individuellement, mais cette notion est subjective ! En marketing, on parlerait d’une offre “centrée organisation” : on se préoccupe plus de l’organisation des cours que de faciliter l’organisation de l’apprentissage par l’apprenant.
Les BTU expriment un temps d’investissement dans une discipline pour l’apprenant. Si je vous dis 20h sur le chiffrement, c’est qu’en moyenne il faudra 20h à un apprenant pour atteindre les objectifs d’apprentissage de la BTU et c’est tout compris : préparation des séances avec l’enseignant, les séances elles-même, et le travail de consolidation !
Les BTU sont donc en marketing « centrées client ». Vous pouvez donc plus facilement planifier votre apprentissage en fonction des BTU, en gardant un peu de votre temps pour les sujets que vous pensez moins bien maîtriser et en planifiant une économie de temps pour vos sujets préférés.
De plus, la cybersécurité étant une discipline ou les certifications métiers sont nombreuses et reconnues, nous intégrons au mieux ces dernières dans les BTU, ce qui n’est pas fait systématiquement dans les formations académiques et c’est un euphémisme.
En résumé une BTU est un temps d’investissement dans une discipline, alliant temps de préparation, séance avec un enseignant, temps de consolidation et intégrant le cœur de la pratique des professionnels de la cybersécurité.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Interview de Patrice Chelim, Directeur Général.
Interview de Thomas Guilloux, Associé fondateur et expert en cybersécurité industrielle.